Alors que de plus en plus de groupes se plaignent d’appropriation culturelle, surtout dans les domaines artistiques, il est temps de se demander ce qu’est une identité culturelle. Est-ce que cela existe vraiment, faut-il la valoriser ou pas… Les points de vue s’affrontent sur ce domaine.

Qu’est-ce que l’identité culturelle ?

Techniquement, l’identité culturelle est ce qui permet à des personnes de se reconnaître au sein d’une communauté. On parle entre autres d’identité culturelle pour des questions d’origines, de langue, de tradition, de vécu en commun ou de mémoire historique.

L’identité culturelle sert autant à se différencier des autres (qui ne partagent pas la même) qu’à se retrouver autour de points communs. C’est ainsi que l’on retrouve souvent des expatriés qui restent ensemble ou habitent dans les mêmes quartiers.

Cela va pourtant plus loin, parce que l’identité culturelle de nombreux noirs va aussi inclure l’esclavage, par exemple. Soit un fait historique qui n’est pas vécu actuellement, à l’inverse du racisme. C’est une manière d’inclure, comme d’exclure : « tu ne sais pas ce que je vis, parce que tu ne partages pas la même identité culturelle que moi. »

On inclut donc dans cette identité des éléments aussi variés qu’un ressenti, des coiffures, des tenues, des traditions…

Identité culturelle contre universalisme

Le risque de l’identité culturelle, c’est qu’elle peut enfermer ses partisans dans un courant de pensée. Pour ceux qui parlent d’appropriation culturelle, par exemple, cela va jusqu’à impliquer que les tresses africaines ne peuvent pas être portées par des femmes blanches. Et ce type de raisonnement, poussé à l’extrême, peut mener à de nouvelles ghettoïsations. Il n’est plus question alors de mélanger les cultures et d’accepter qu’elles se nourrissent les unes des autres. C’est ce qui se passe sur certains festivals parfois très ethniques.

L’universalisme, au contraire, tend à laisser penser qu’au final, il ne devrait pas y avoir de différence entre les êtres. Nous sommes tous égaux, certes avec nos différences, mais elles ne doivent pas nous définir. C’est une sorte de mondialisation de la culture, qui laisse un Asiatique porter du wax et un blanc chanter du blues. Le défaut potentiel de l’universalisme exagéré serait de fondre toutes les cultures dans un melting-pot global, sans plus connaître leurs origines.

Faut-il se vanter de sa culture ?

L’un des autres écueils de l’identité culturelle, c’est quand elle devient un slogan politique, quel que soit le camp qui la proclame. Se vanter de celle-ci revient très rapidement à dire que cette dernière vaut mieux que les autres, par ses différences.

Or, la culture est par définition mouvante. Il est parfois très difficile de remonter aux origines réelles de certaines habitudes. Il suffit de voir ce qu’il en est des pâtes, dont la paternité n’est pas toujours associée aux Italiens. Prétendre que telle technique, telle habitude, telle coutume, ne devraient être reproduites que par ceux qui l’ont inventée, c’est fermer l’esprit à l’imagination et au développement. Affirmer que l’on est fier de faire partie du peuple qui l’a créé, c’est faire preuve d’un chauvinisme qui peut parfois devenir dérangeant.

Le juste milieu pourrait être de reconnaître que la culture vit et s’imprègne de tout ce qui l’entoure, peu importe ses origines. Et qu’une identité culturelle n’est jamais qu’inspirée par son propre ressenti, qui ne sera jamais tout à fait le même que celui des autres. Car une identité, par définition, est unique.